Les Halles détruites !

Bayonne 1944 les Halles détruites !

La guerre touche à sa fin, et l’espoir semble renaître dans l’esprit des commerçants des Halles.

De fait les contraintes supplémentaires imposées par l’occupant viennent à peine d’être levées, comme par exemple l’obligation de tirer les charrettes, le simple fait de pousser sa charrette étant, il y a encore peu, considéré comme un acte terroriste…

En effet « tirer » une charrette ne représentait apparemment pas de risques, en revanche une charrette « poussée » et potentiellement bardée d’explosifs pouvait être facilement projetée sur une patrouille nazie, en tout cas c’est ce qui se disait alors.

En ce rude hiver 1944-1945 ou le couvre-feu n’est plus en vigueur depuis peu, la vie n’est pas simple sur le carreau des Halles, les séquelles de ces terribles années sont encore omniprésentes.

Mais l’espoir est en train de revenir, lentement, très lentement même, lorsqu’un nouveau et dramatique coup du sort frappe les commerçants pour ne pas dire tous les Bayonnais…

La surprise et l’effroi !

C’est en arrivant sur place tôt le matin, qu’ils trouvent les Halles détruites ! Ils s’aperçoivent avec stupeur que le toit s’est carrément effondré !

Au-delà de la surprise, ils comprennent immédiatement qu’ils vont devoir faire face à une nouvelle épreuve, encore une !

La situation étant extrêmement difficile depuis plusieurs années, il va falloir désormais reconstruire, non seulement le toit des Halles, mais également ce moral qui n’en finit plus d’être sapé par les événements successifs.

Structure temporaire 45 à 62 Halles anciennes
Structure temporaire 45 à 62 Halles anciennes

C’est avec un remarquable courage que nos anciens se sont organisés, qu’ils ont bravé les éléments de ce terrible hiver, pour continuer coûte que coûte à assurer leur gagne-pain.

Cette situation perdurera au grand désespoir de tous ceux qui y travaillent, et qui mériteraient, à minima, de pouvoir enfin travailler à l’abri des intempéries.

Ce fût finalement fait, mais des années plus tard par Henri Grenet alors Maire de Bayonne, qui décida de construire de nouvelles Halles plus adaptées, prévoyant aussi et surtout de nombreuses places de parking, comme le réclamaient alors les Bayonnais.

Halles temporaires
Halles temporaires

Comme toujours à Bayonne….

Même si elles prennent le temps, les choses finissent toujours par rentrer dans l’ordre.

Là encore, nos anciens méritent notre plus grand respect pour toutes ces leçons de courage en des époques si troubles.

Si seulement nous pouvions leur ressembler…

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Halles VS grande distribution

1963 dans les Halles de Bayonne…

« Il parait qu’ils vont construire un grand magasin en bas de Beyris… »

« Tu parles ! Ce n’est pas possible, là-bas il n’y a jamais eu que des marécages et des grenouilles ! »

1965…

« J’ai même entendu dire que les clients feront leurs courses avec de grands chariots dans lesquels ils mettrons tous leurs achats »

« Franchement j’imagine mal nos clientes se trimballer dans un magasin en poussant un chariot, c’est du délire, tu vois le tableau ! »

« Mais je te dis que oui, il parait même qu’ils trouveront tout dans le même magasin, nourriture, vêtements, livres, droguerie etc… »

« Non mais tu imagines la taille du truc ? Je te dis que c’est impossible, aucun inquiétude à avoir »

1967…

« Tu vois je te l’avais bien dit ! Et en plus ce n’est pas un, mais deux qu’ils en ont ouvert ! « L’Épargne » et le « Carrefour BAB ». En quelques semaines j’ai déjà perdu la moitié de ma clientèle ! Qu’est-ce qu’on va devenir ? »

« Écoute, hier j’y suis allé hier pour voir à quoi cela ressemblait, j’y ai croisé plusieurs de mes clientes, je pense qu’elles y vont pour se donner un genre, pour « faire bien », certaines étaient même « endimanchées » façon « j’entre en ville », mais à mon avis elles vont vite déchanter et revenir au bercail, aucune inquiétude »

1969…

« Je n’y crois pas, ils vendent les fruits moins cher que je les achète chez les grossistes, comment va-t-on pouvoir lutter contre ça, c’est très inquiétant ça va mal finir ! »

« C’est vrai, mais tu sais à force de vendre à perte, parce qu’ils vendent à perte j’en suis certain, ils vont finir par se planter, il nous suffit d’attendre et de compter les points, je te dis qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir, le temps joue pour nous… »

Années 70…

La fréquentation des Halles de Bayonne a déjà fortement chuté, il y a déjà longtemps que le parking au-dessus des Halles ne fait plus le plein, sauf peut-être encore le samedi… parfois…

Les commerçants comprennent qu’ils ne vont pouvoir faire face longtemps, la plupart ayant un certain âge parlent déjà de retraite, d’arrêter l’activité, les plus jeunes parlent de reconversion, de trouver un emploi salarié, bref le moral est au plus bas.

1er Carrefour à Anglet début des années 70

Début des années 80…

Le scénario envisagé par beaucoup est malheureusement arrivé, les Halles de Bayonne ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, la grande distribution a eu raison d’elles, et désormais plus rien n’enrayera le processus.

Les grossistes disparaissent également, emportant de fait les nombreux emplois qu’ils avaient générés durant de nombreuses décennies.

Pour la petite histoire…

L’Épargne (Casino) et Carrefour (BAB (le premier) voir photo) s’installent dans la seconde partie des années 60, là où se trouvait quelques années auparavant une vaste zone marécageuse.

Cette dernière ayant été remblayée notamment par le sable de la dune de Blancpignon.

Une partie de la dune avait déjà été utilisée quelques années avant pour l’édification d’une zone industrielle regroupant la Manufacture d’Armes de Bayonne, l’usine Michelet, quelques entreprises commerciales ainsi que des unités de production.

Épilogue…

Une mutation commerciale sans précédent a donc littéralement et subitement vidé le centre de Bayonne en général et les Halles en particulier de leur attractivité, voire de leur substance.

Il est en effet indiscutable que l’arrivée des supermarchés avec leur concept du « tout sous le même toit » ainsi que la définition initiale de la grande distribution : nombreuses places de stationnement, spectacle permanent, bas prix… combinée au regroupement du commerce de gros au Forum en 1973 ont sonné le glas de la grande époque des Halles de Bayonne

Synthèse :

On peut donc considérer aujourd’hui que les Halles de Bayonne ont « juste » succombé à un concept et une définition…

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Halles de Bayonne les précurseurs des concept-stores et des food trucks ?

Nous n’avons rien inventé !

L’on nous parle aujourd’hui de la tendance du « Mono produit », de « Concept stores », de ‘Food-trucks » comme s’il s’agissait de nouveautés absolues.

Disons plutôt que ce qui est nouveau, c’est la gestion et l’organisation de ces concept stores et/ou réseaux…

En effet, je me souviens très bien qu’aux Halles de Bayonne fin des années 60 et durant les années 70 existaient déjà des étals dits aujourd’hui « mono produit », « Concept store » ou encore ‘Food-truck » .

Les Cœurs de Georgette

Le premier exemple qui me vient à l’esprit concerne un « concept » inventé par une dénommée Georgette Forges, grand-mère d’un camarade de classe avec qui je suis d’ailleurs toujours (et pas assez) en contact.

Georgette Forges donc, qui disposait d’un étal relativement réduit au rez-de chaussée des Halles, avait créé le concept des « cœurs d’artichauts prêts à l’emploi », ainsi entre deux clients, elle passait son temps à découper des artichauts pour en extraire le cœur, ceci à l’aide d’un petit couteau qu’elle maniait avec autant de délicatesse que de dextérité.

Georgette s’était constituée une belle clientèle d’habitués, et son petit commerce a perduré durant de nombreuses années.

Les "Cœurs" de Georgette
Les « Cœurs » de Georgette

Les rois de la betterave

Dans le même registre Jeanne et Louis Servon (mes grands oncle et tante) s’étaient spécialisés après-guerre, dans la vente de betteraves précuites et prêtes à l’emploi, ils les commercialisaient sur un étal qui semblerait aujourd’hui totalement démesuré pour des betteraves.

Ils maitrisaient alors quasiment toute la chaine de production, en effet ils avaient équipé une partie de leur maison de Beyris (Malouja) en laboratoire de cuisson et préparation des betteraves qui leurs étaient livrées en gros.

Ils ont eux aussi exercé cette activité durant de très nombreuses années.

Jeanne et Louis Servon
Jeanne et Louis Servon

Un délice hivernal !

Un autre exemple qui me vient à l’esprit est Mme Lopez, qui était me semble-t-il d’origine espagnole, et qui vendait des marrons grillés sur le pont Marengo, elle officiait tout l’hiver dans une mini locomotive verte, comme quoi, même les « Food-trucks » d’aujourd’hui existaient déjà aux Halles de Bayonne il y a plus de 40 ans !

Marrons grillés sur le Pont Marengo
Marrons grillés sur le Pont Marengo

A vos couteaux Messieurs dames

Devant l’entrée des Halles se trouvait un rémouleur qui, comme sa fonction l’indique, proposait ses services pour affuter les ustensiles tranchants et coupants des ménagères locales.

Il disposait pour cela d’une machine à pédale, que gamin j’ai toujours observé avec une certaine curiosité.

Lorsqu’une cliente faisait appel à ses services, il appuyait fortement du pied sur la pédale qui actionnait un tour sur lequel il faisait aller et venir couteaux et ciseaux.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’opération était bouclée.

Le bruit strident et les étincelles qui en résultaient me faisaient généralement quitter les lieux à la hâte…

Rémouleur

Son talent contribuait à l’ambiance des Halles

La petite place devant l’entrée principale du rez de chaussée des Halles baignait dans une ambiance de guinguette, ceci grâce à cet accordéoniste non voyant, qui se plaçait sur une chaise sous l’arceau juste devant la boulangerie Mauriac. Son fils le guidait tous les matins pour venir l’y installer, et venait le chercher en fin de marché.

En conclusion…

Quoi qu’il en soit, Georgette Forges, Jeanne et Louis Servon, Mme Lopez, le rémouleur et l’accordéoniste, ont tous contribué durant des décennies à la véritable Âme des Halles de notre chère cité, merci à eux !

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Marché Parking de Bayonne

Marché Parking Bayonne 1963 1994

Le Marché Parking de Bayonne a été construit à la place des « Anciennes Halles de la Nive ».

Il aura duré une trentaine d’années de 1963 à 1994, même si son format « parpaing » était peu apprécié d’un point de vue esthétique, on ne peut nier que grâce aux centaines de places de parking dont il disposait, il a largement contribué à l’intense activité des lieux.

Voici une série de photos d’époque qui raviverons sans doute les souvenirs de nombre d’entre vous ! Si vous-mêmes disposez de photos n’hésitez pas à me les envoyer, je les intégrerais à cette page.

Vous noterez que les prix restent affichés en « anciens francs », pourtant nous sommes après 1958.

Pour en savoir plus : Reportage TVPI sur l’Histoire des Halles de Bayonne

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Retrouvez très bientôt sur ce site le  » Pack 4 des Bayonnades «  et la suite des « Kaskarrots au commissariat » ! Pour être informé directement de leur arrivée, abonnez-vous, c’est gratuit !

1930 Étal familial aux Halles de Bayonne

Quelques années après la « Der des ders », c’est-à-dire vers le milieu des années 20, la confiance reprenait le dessus, les stocks s’étaient reconstitués et la consommation redémarrait.

Ce fût une période particulièrement faste pour les Halles de Bayonne, jugez plutôt, Marthe Etcheverry (épouse Lacaze) mon arrière-grand-mère, employait une douzaine de personnes, son équipe est même montée jusqu’à 17 personnes…

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