Michelle de la rue Pannecau !

Elle s’appelait en réalité France Bielle.

Beaucoup d’entre vous l’ont connue sous le pseudo de « Michelle de la rue Pannecau », elle était une figure incontournable de Bayonne.

Avant-dernière d’une famille de neuf enfants, son père était gendarme.

Née à Marseille en 1915

Elle était née le 1er avril 1915 à Marseille dans le quartier de la Belle-de-Mai, elle fut une bonne élève sérieuse et appliquée, elle obtint même son certificat d’études avec mention en 1929.

Elle a donc connu cette époque de Marseille, celle des Carbone et Spirito mais aussi des Guérini qui étaient même ses premiers voisins, en quelque sorte l’époque du gratin des gratins.

C’est juste après le certificat d’études qu’elle a commencé à travailler, comme cela se faisait beaucoup à cette époque, elle a commencé sa carrière chez un grossiste de fruits secs ou elle était chargée de trier les lentilles et les haricots pour enlever les cailloux.

Arrivée à 16 ans, France sortait beaucoup dans les bals et côtoie toute sorte de garçons allant des garçons du coin, aux marins en goguette, puis finit par rencontrer des voyous plus ou moins notoires, et notamment des Corses et des Italiens.

Une rencontre douteuse

À 17 ans elle rencontra Léon qui avait 40 ans de plus qu’elle, et pour arrondir ses fins de mois c’est à cette époque qu’elle a commencée à « michetonner ».

Léon était en réalité un « Julot » qui prit rapidement les commandes pour organiser l’activité professionnelle de sa « Julie »

Mais cette dernière très indépendante a voulu tenter l’aventure parisienne, désormais installée dans la capitale, elle fut pour le moins en surprise d’avoir pour premier client un curé en soutane !

Le climat parisien ne lui convenant pas elle revint rapidement à Marseille, puis trouva finalement du travail à Toulon.

Arrivée à Bayonne

Ces quelques années plus tard, après avoir fait une escale à Castres, qu’elle arrive à Bayonne ou elle poursuit son activité en qualité « d’indépendante ».

C’est quelques années plus tard encore qu’elle rachète un établissement rue Pannecau, pour lequel elle conservera le nom existant : « Novelty ».

C’est cet établissement qu’elle géra de main de maître qui lui valut sa notoriété, non seulement à Bayonne, mais également dans toute la région et même jusqu’en Espagne.

Pour avoir grandi au petit Bayonne, j’ai bien connu Michelle depuis ma plus tendre enfance, puisqu’elle était l’une des plus fidèles clientes de notre stand de fruits et légumes aux Halles.

Au-delà de sa « profession » qui pouvait impressionner et surtout faire jaser, elle avait un cœur d’or, et tous les gamins du quartier à l’époque peuvent en témoigner.

Pour ceux qui ne la connaissaient pas, découvrez ci-dessous une belle histoire (vraie) racontée par un bayonnais, et donnant une idée de la personnalité de Michelle, je précise que ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres…

Récit d’un bayonnais

« J’avais onze ans et j’étais plongé dans la contemplation d’une magnifique mobylette bleue, cette mobylette représentait pour moi le bonheur le plus absolu dont je pouvais rêver.

Et je dis bien rêver, car ni mon âge, ni les modestes moyens de mon maçon de père ne pouvaient faire de cette mobylette une réalité.

C’était la mobylette de Jean-Pierre le fils de Michelle.

« Dis-donc petit tu veux la voler ou quoi ! »

Était-elle vraiment en colère ou faisait-elle semblant ? Trente ans après, je crois qu’elle jouait. Mais je pris peur.

« Non, Madame Michelle. Je la regarde seulement. Elle est belle. »

« Tu n’as pas de mobylette ? » « Je n’ai pas l’âge. »

« Tu as quand même un vélo ? » « Non. On n’a pas les sous. »

« Viens avec moi… »

Et voilà que Michelle me prend par la main et m’entraîne le long de la rue Pannecau, elle de ses longues foulées de maîtresse-femme, moi m’attachant à la suivre, mi-courant, mi-trottinant.

Place Saint-André, il y avait le magasin de cycles « Morisson » dont les vitrines nous attiraient plus sûrement que la grise porte de l’école.

Et voilà que nous y entrons, elle avec la fougue qui l’habitait alors, moi avec le respect et la crainte de celui qui, pour la première fois, pénètre dans un lieu saint.

« Choisis… »

Choisir ? Ils étaient tous magnifiques. Mais je n’ai pas hésité longtemps. J’ai pris le plus beau, un demi-course métallisé avec cale-pieds et dérailleur.

Et Michelle, superbe, se tournant vers le vendeur :

« Tu viendras te faire payer chez moi… »

Hommage

Voilà qui était Michelle, elle nous a quittés, mais son souvenir est, et demeurera toujours présent dans les mémoires de celles et ceux qui l’ont connue.

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